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WORLD PARALLEL DANCE

Suite à la création des spectacles PARIS-TOKYO-PARIS (Paris, 2001) et WHAT'S TIME ? (Tokyo, 2006), le spectacle PRE-CONCEPT* "World Parallel Dance" a été présenté à Paris au Dansoir de Karine Saporta les 7 et 8 avril 2011. Avec PRE-CONCEPT (I), Parallel One® titille le public, scientifiques et philosophes, sur un sujet aussi tentaculaire, controversé et non encore élucidé qu'est le concept Temps : « Ne me dîtes pas que le temps passe vite... Nous passons, le Temps reste. » Parallel One.


QU’EST-CE QUE LE TEMPS ?

Les projections des films PARIS-TOKYO-PARIS (22’30’’) et WHAT’S TIME? (31’31’’) et la conférence-débat sous les énoncés proposés par Parallel One® : « QU’EST-CE QUE LE TEMPS ? » et « LE TEMPS, UNE INVENTION DU LANGAGE » ont eu lieu à la Maison des Ensembles Jeudi 17 mars 2011 à 20H, et au Dansoir de Karine Saporta le dimanche 3 avril 2011. Le philosophe Florian Forestier et Parallel One® ont assuré les débats.

Florian Forestier: Avant de parler du film, j’aimerais te demander ce que tu veux dire par la formule « le temps, une invention du langage ». D’abord, de quoi parles-tu quand tu parles du « temps » ? En quel sens est-il inventé ?

Parallel One®: Par « Le temps, une invention du langage » j’entends «  impossibilité matérielle d’accéder par l’un de mes cinq sens à ce concept ; c’est ce constat qui me laisse croire qu’il y a invention, substitution d’un concept absent de substance par le mot qui le désigne » Mais n’oublions pas que je ne suis pas philosophe et que tout ce que je peux dire à propos du concept temps doit être interprété comme un moyen dont je me sert pour nourrir mes tentatives artistiques.

Florian Forestier : en ce qui concerne les deux films maintenant. On va entrer dans le vif du sujet, mais d’abord je vais te donner les impressions spontanées. En quoi est-ce que moi, je vois la question du temps dans les deux films.

Dans le premier, il y a deux choses remarquables. D’abord cette marche aveugle, chaotique, silencieuse. Une traversée d’un paysage fixe, dont on n’accroche rien, dont on ne cherche pas à accrocher quelque chose. Il y a une immobilité, une étrangèreté des choses, et des personnages qui traversent tout ça sans rien dire. Avec quelques moments remarquables justement ; ce troisième personnage, cette femme, qui revient plusieurs fois faire un signe énigmatique. Ce troisième personnage est le seul qui a l’air vivant: par les signes qu’il fait, ses gestes spontanés (enlever sa veste), son côté plus incarné, plus sensuel. Comme s’il n’y avait dans l’existence que quelques moments rares ou nous nous habitons nous même, où quelque chose se passe, où nous y sommes. Une sorte de participation à l’existence qu’on essaie de retenir, mais qu’on ne peut pas retenir.

Parallel One® : Dans le film Paris-Tokyo-Paris http://www.dailymotion.com/Paralleltheatre#video=x162tzh il il y a trois personnages qui représentent respectivement, Temps, Existence,(Vie) et Humanité. A vrai dire il s’agit plutôt d’entités que de personnages ; je pourrais dire exactement le sens que j’ai voulu transmettre, mai je préfère que ce film garde son rôle fédérateur dans le sens où chaque spectateur trouve la réponse au questionnement que lui est proposé dans ce film. A titre d’indice je dirais que l’entité Humanité représenté par le comédien masculin n’est pas silencieux, il n’arrête pas de parler, ses gromelages ne sont autre chose que la cacophonie universelle de l’Humanité qu’il représente…

Florian Forestier : Dans le deuxième film, ce qui frappe immédiatement, c’est le dédoublement du temps dans l’image. Un procédé qui a été utilisé par Fellini dans Intervista ; Fellini se représente lui-même regardant, avec Anita Eckberg et Mastroiani, la scène de la Fontaine de Trevi de la Dolce Vita qui a été tournée trente ans plus tôt.

Le premier film repasse au présent pendant que les mêmes personnages sont sur la scène. En quelque sorte, le film est présent, l’image est présente, mais ce que montre la mise en abîme, c’est que c’est du passé. Ce qu’elle montre aussi, c’est que dès la première projection, c’était déjà du passé, c’était déjà la représentation de quelque chose qui n’était plus. D’un côté, c’est, de façon indubitable puisqu’on le voit, il y a l’image. Mais ce qui est représenté n’est plus ; ce n’est plus ça qui est en train de se passer, ce n’est plus nulle part, et pourtant, le fait que ça ait eu lieu est bien visible.

Parallel One® : Tu as vu juste. C’est ce que j’entends par « ligne du milieu »

ou « tyrannie de l’instant présent ». La mise en abime de Paris-Tokyo-Paris se prolonge dans « What’s Time ? » http://www.dailymotion.com/Paralleltheatre#video=x170o5j où dans le texte déroulant à un endroit précis de ce film à la question « Qué es el tiempo ? il est écrit textuellement ceci (en espagnol) : « résultat du langage, invention inconsistante qui s’évanouit face à la suprématie de la réalité UNITEMPORELLE de l’Eternité de l’instant (Présent) Voilà le paradoxe qui vient renforcer mon énoncé « Le Temps une invention du langage »  : quelque qu’elle soit l’étendue que nous ayons attribué à n’importe quel événement celle-ci ne peut être saisie que par l’évocation  de sa trajectoire; or cette évocation quelque soit le moyen employé ne peut avoir lieu ni avant ni après mais à l’instant précis où cette évocation où autre moyen de démonstration entre en jeu… je ne pense pas que je puisse aller plus loin dans ma tentative de rendre les différentes temporalités visibles que dans le film- spectacle « Paris-Tokyo-Paris » ; les notions passé-présent-futur sont visibles et saisies en bloc dès l’apparition côté jardin des entités Existence-Humanité.

Florian Forestier: Si je comprends bien, il y a deux questions – qui pour toi sont complètement liées – au centre de ta recherche. La question du rapport au temps au sens, au sensible ; et d’un autre côté, la question de l’instant. Tu dis : le temps n’est pas quelque chose de perceptible, il n’y a de sens qu’au présent, et donc, il n’y a pas de temps, il n’y a que de l’instant.

Là, on peut immédiatement te répondre plusieurs choses. D’abord, que s’il y a du temps pour nous, si nous lions les choses à partir du temps, c’est que notre existence subjective est déjà temporelle. Il n’y a pas de sens du temps, mais les sens sont dans le temps. Dans le son, c’est caractéristique. Un morceau de musique, c’est quelque chose d’étendu. Ce ne sont pas des notes qui sont liées après coup par une synthèse de l’esprit. Il y a à l’intérieur du morceau de musique une façon qu’ont les notes de s’étendre et de disparaître les unes dans les autres en se conservant. Mais c’est aussi le cas pour ce qu’on voit. L’acte perceptif par lequel je vois dure lui-même : c’est parce qu’il dure, que la durée fait partie de lui, qu’on le voit comme une chose qui a un volume, qui est la même sur plusieurs faces, etc.

En fait, cela touche à deux questions qui traversent la philosophie depuis longtemps. Le fait qu’il y ait une temporalité propre du vécu, une extension temporelle du psychisme, a été soulignée depuis Saint-Augustin. Avec Kant, on a mis en exergue une autre question, très liée à la première, en notant que si le temps n’est pas une chose, une substance, il appartient revanche à la façon dont il y a des choses. Le temps n’est pas une chose ; il est la façon dont il y a des choses pour nous, une condition de possibilité de notre rapport aux choses. Mais ça ne veut pas dire non plus qu’il n’y a de temps que dans nos têtes, que nous inventons le temps C’est tout le problème de la philosophie après Kant : on essaie de montrer que le temps est la forme a priori de toute expérience possible. Qu’on ne peut pas penser un rapport réciproque des choses sans poser la forme du temps. En allant plus loin, on essaie de montrer qu’il y a quelque chose comme une co-appartenance du temps à l’être. D’une certaine façon, le temps est pensé comme la façon dont l’être se donne à paraître.

Parallel One® : Oh là la ! ça commence à voler un peu trop haut pour moi, Saint-Augustin, Kant…ils ont sûrement raison puisqu’ils ont dû se pencher sur la question sérieusement ce qui n’est pas mon cas, mais, que deviennent-elles les assertions de tous ses grands philosophes si l’on fait abstraction de ce qu’ils perçoivent , ce que nous percevons? Il me semble que ce qui parvient à nous à travers nos sens, qui est le seul moyen dont nous disposons pour percevoir, n’est pas du temps mais des petits bouts de la « trajectoire de la transformation constante » de « ce qui est » perçu par nos sens , non ? Peut-être qu’il serait suffisant de changer le mot temps par une courte phrase qui rendrait l’abstraction de ce concept un peu plus accessible à des petites têtes comme la mienne… Quel mot pourrions nous substituer à la place du mot temps… ?

Florian Forestier: Je voudrais juste rajouter quelques mots à propos de l’instant. Parce que tu dis qu’il n’y a que l’instant, mais en même temps, c’est un peu ce qu’on voit avec la perception, l’instant est déjà quelque chose d’étendu, élastique. Il y a de l’instantané là où il y a aussi de la distension. On peut dire qu’il y a une sorte de plasticité du présent. Il a sa propre durée. Le présent peut être un éclair quand nous sommes happés par un événement brusque, éblouis par une perception particulièrement violente, qui nous arrache à nous-mêmes. Mais il peut aussi se ralentir. Il y a déjà une forme de passé et de futur dans le présent ; du tout juste passé et l’horizon de ce qui est immédiatement à venir.

Husserl distingue deux niveaux du temps. Dans la cellule temporelle originelle, sensible, il y a ce qui vient d’arriver (la note précédente, etc), et ce qui est attendu, ce qu’il appelle la rétention et la protention, et ça, ça fait partie du présent. Et il y a ce qui est projeté, à partir de cette premièr extension du temps, comme ayant eu lieu un jour, mais qui n’est plus lié à mon présent, comme allant avoir lieu un jour… Ce sont en quelque sorte les dimensions construites du temps. Pour y accéder, on a besoin du langage – et même, pour moi, plus que du langage, d’un système social qui fixe la mémoire, quelque chose comme une forme primitive d’écriture, etc. Parce qu’on en aurait pas conscience sinon. Mais là encore, je ne dirais pas que c’est une « invention ». Parce que oui : ce qui va venir demain n’est rien pour aujourd’hui. Mais hier, je aujourd’hui n’était encore rien, et maintenant j’y suis. Autrement dit ; bien sûr, je ne sais absolument pas si le futur aura lieu, si le passé a vraiment eu lieu comme je crois m’en souvenir, mais je pense qu’on ne peut pas nier qu’il y a un horizon du temps qui dépasse le passé et le futur immédiat. Tout simplement parce que le présent change lui-même. Il y a vraiment du présent parce qu’il se renouvelle, se ré-impose, il flue, dirait Husserl. Le présent est toujours en train d’arriver, donc de surprendre ; donc il ne peut être qu’ouvert sur un au-delà de sa présence.

Parallel One® : Le constat est toujours le même : impossibilité de définir le temps de

façon claire et convaincante sans les faire-valoir d’étendue, élasticité, changement, ou d’utiliser la formule plus commode consistant à dire que le temps est tout ça ; que le temps contient tout ça, bref, autant dire que le temps pourrait tout à fait porter le nom de…. Transformation ?

Florian Forestier : une dernière chose, qui me semble central dans ton travail. Il y a aussi dans le film, la question de la façon dont j’habite, ou je n’habite pas ce que je suis en train de vivre. Est-ce que je suis vraiment dans ce qui m’arrive. Est-ce que j’assume bien que c’est à moi que ça arrive, que c’est bien ma vie, que j’ai à assumer que j’y suis, ou que j’ai d’une façon ou d’une autre à y être. Cette dimension là est très nette dans le film, et c’est aussi une question classique en philosophie. J’ai à me rendre compte que c’est ma vie, que c’est bien ma vie, bien là que j’ai à être.

Mais qu’est-ce que ça veut dire, y être ? Une des réponses les plus fortes qui ont été faites, c’est celle de Heidegger. C’est moi qui suis en jeu parce que c’est moi qui vais mourir et que personne ne peut le faire à ma place. Parce que c’est moi qui peut mourir à tout instant ; parce que tout ce que je fais – qu’en soi, n’importe qui d’autre pourrait faire, est surplombé par cette possibilité éminente de ma mort. Alors c’est elle, la mort suspendu au dessus de moi à chaque instant, qui m’éveille à ce que chaque chose que je vis est aussi exceptionnelle que cette mort qui peut arriver.

Mais il y a d’autres réponses possibles. On peut dire – comme Levinas par exemple – que c’est la relation à l’autre qui m’arrache à cet espèce d’anonymat du temps ; qu’à partir du moment où il y a autrui, il y a une sorte d’exigence qui crève le déroulement monotone et aveugle du temps, et que je suis convoqué à quelque chose d’autre par le devoir. On peut aussi dire qu’il y a dans l’expérience même des moments où je suis « mis dehors ». Des extases. Je suis absorbé dans l’instant – la contemplation, la jouissance, etc. Bref, qu’il arrive que le temps arrête de passer, qu’il crève. On a pas pu projeter le troisième film, mais c’était vraiment ça que j’y voyais ; des moments d’extases sensibles, où l’œil en quelque sorte, ne perçoit plus rien qu’il est absorbé par des milliers de petits reflets, absorbé dans le cours des choses.

Parallel One® : Retenons pour l’instant que je continue à croire que dans le mot Transformation il peut y avoir une piste à suivre pour prendre le Temps en flagrant délit d’inexistence.

A suivre…




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